Un Crash Pad fait environ 8 cm d’épaisseur. Il est donc indéniable qu’on est surélevé lorsqu’on part d’un crash plutôt que du sol. Et après…
Dans quel cas, est-on vraiment aidé par cette surélévation ? Pour moi, il y a deux cas de figure. Premièrement on a la possibilité de prendre des prises qui ne sont pas celles du départ « normal ». On shunte alors un mouvement. Si je fais cela, je ne fais pas la voie. Cela reviendrait à faire un 110m haie en commençant à la 2ème haie ! Typiquement, le mur de la fosse aux ours en partant avec la verticale en MG ou encore La Grande Marche en prenant directement l’oppo MD. A noter que crash ou pas, c’est une question d’éthique personnelle, puisque la taille joue énormément. Si on a des grands bras et qu’on est grand, peut-on faire une voie en partant de plus haut ? Ma réponse personnelle est non. Dans ce cas, je pars du crash mais en m’obligeant à partir avec les prises de départ, quitte à faire un mouvement bizarre pour me mettre en place.
Deuxièmement, on peut prendre les prises de départ en étant moins tendu. En départ debout, c’est assez rare d’autant que cela peut souvent être compensé par une petite poussée de la jambe au sol. En départ assis, cela peut jouer beaucoup plus mais personnellement, cela ne m’intéresse pas de forcer comme une mule simplement parce que je suis à bout de bras, alors qu’avec quelques centimètres d’allonge supplémentaire, le problème se dégonfle tout de suite et devient réaliste par rapport à la cotation globale du passage.
Et puis le crash est fait pour se protéger et pas seulement de chute de haut. Zipper sur un départ assis, c’est faire un retour au sol violent et sur les fesses. C’est douloureux et potentiellement très dangereux (tassement des lombaires, déplacement de disque, voire pire puisqu’on peut aller jusqu’à une paralysie). Et franchement, c’est non et tant pis pour « l’éthique ». Pour un départ debout, les chutes les plus mauvaises pour les chevilles sont celles qui ne préviennent pas et où l’on n’a absolument pas le temps de réagir. Une racine ou un caillou mal placé, même ne dépassant que de quelques centimètres, peuvent-être fatals à une cheville. Un crash légèrement décalé par rapport au pied du bloc, pour permettre de partir vraiment du sol, peut l’être également. J’ai déjà donné deux fois et là encore je préfère préserver mes chevilles et ne pas avoir à m’arrêter pendant quelques semaines plutôt que de prendre ce risque.
Ceci étant dit, on ne résoud de toutes les façons rien en terme d’équité : qu’est-ce qu’une taille normale de référence ? Quid des plus petits que cette taille normale ? Et dans 25 ans, quand la nouvelle génération fera une taille moyenne supérieure à 2 ou 3 cm à la taille moyenne actuelle ? Ah là, là ! Vivement que j’aille grimper, ces questions existentielles m’épuisent ;-)